De l’office à la dignité: L’écolâtre cathédral en France septentrionale du ixe au xiiie siècle

Introduction Au cours du IXe siècle, la législation carolingienne a imposé aux églises cathédrales l’obligation d’entretenir une école. Cette disposition résultait d’une politique entamée dès le règne de Charlemagne, qui avait ordonné aux évêques et aux abbés d’instruire avec soin les clercs qui leur étaient confiés. La législation royale fut rapidement relayée par les autorités ecclésiastiques. Plusieurs conciles du IXe siècle décidèrent en effet qu’on devait établir des écoles publiques partout où se trouvaient des hommes aptes à enseigner. À partir du milieu du XIIe siècle, la papauté reprit à son compte la politique scolaire des Carolingiens. Lors du IIIe concile du Latran (1179), le pape Alexandre III réitéra l’obligation pour toutes les cathédrales d’entretenir un maître. Mais, surtout, la législation pontificale consacra la pratique de la licentia docendi, tout en l’encadrant soigneusement. Cette permission d’enseigner, qui devait désormais être délivrée gratuitement par les autorités ecclésiastiques, était indispensable à quiconque souhaitait ouvrir une école. Ces dispositions furent confirmées et élargies lors du IVe concile du Latran (1215). En l’espace de quatre siècles, le rapport de l’Église aux écoles était donc passé de l’injonction d’enseigner au monopole scolaire. L’historiographie s’est beaucoup interrogée sur les raisons d’une telle mutation dans l’histoire culturelle de l’Europe, passant d’une pénurie scolaire, qu’il fallait juguler, à une profusion de maîtres, qu’il fallait encadrer.